
Le 13 novembre 2025 , après 43 jours d'impasse politique sans précédent, le président Donald Trump a promulgué dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 novembre la loi mettant fin au plus long "shutdown" de l'histoire des États-Unis. Un record qui marque profondément l'économie américaine et des millions de citoyens.
Le Congrès américain a définitivement adopté mercredi 12 novembre une proposition de loi permettant de lever la paralysie budgétaire qui durait depuis 43 jours. Ce shutdown dépasse largement le précédent record de 35 jours, établi entre le 22 décembre 2018 et le 25 janvier 2019, également sous l'administration Trump.
"Nous ne céderons jamais au chantage", a lancé le président américain lors de la cérémonie de signature, sous les applaudissements des élus républicains rassemblés dans le Bureau ovale. Cherchant à sortir victorieux de cet interminable bras de fer, Donald Trump a attaqué les "extrémistes de l'autre parti", les accusant d'avoir mis le gouvernement à l'arrêt pour "des raisons purement politiciennes".
Après l'adoption lundi par le Sénat, la Chambre des représentants a approuvé la proposition de loi budgétaire avec 222 voix pour et 209 contre. Six élus démocrates ont rejoint la majorité présidentielle, tandis que deux républicains ont exprimé leur désaccord.
Une poignée de sénateurs démocrates avaient fini par "rendre les armes" lundi, après plus de 40 jours d'impasse budgétaire, en approuvant avec leurs collègues républicains une nouvelle proposition de loi qui étend le budget précédent jusqu'à la fin janvier. Ce revirement a suscité la colère dans le camp démocrate, certains dénonçant une "capitulation" face aux républicains.
Les chiffres du shutdown parlent d'eux-mêmes. Selon le Bipartisan Policy Center, au moins 670 000 agents fédéraux ont été mis en congé sans solde, tandis que près de 730 000 autres ont continué de travailler sans percevoir de salaire.
Dans les aéroports, la situation était devenue critique. Plus de 10 000 retards et près de 3 000 annulations de vols ont été enregistrés au cours de la seule journée de dimanche, selon les données du site FlightAware, en raison de pénuries de contrôleurs aériens qui refusaient de travailler sans salaire.
L'aide alimentaire a également été sévèrement impactée. Le programme SNAP, dont bénéficient plus de 42 millions d'Américains, a vu son versement fortement perturbé pendant la paralysie budgétaire.
Le texte prévoit la réintégration des fonctionnaires licenciés depuis le début du shutdown et comprend des fonds pour le programme d'aide alimentaire SNAP jusqu'en septembre, évitant ainsi que cette aide soit gelée en cas de nouvelle paralysie budgétaire fin janvier.
Toutefois, un point majeur de discorde demeure : l'avenir de l'Obamacare. Le texte laisse dans le flou la prolongation de subventions pour "Obamacare", l'assurance santé de ménages aux revenus modestes, au grand dam de la base et de nombreux élus démocrates.
Sans leur prolongation, les coûts de l'assurance santé devraient plus que doubler en 2026 pour 24 millions d'Américains qui utilisent "Obamacare", selon KFF, cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.
Donald Trump a été clair sur ses intentions, qualifiant ce dispositif de "désastre" et de "cauchemar" qu'il faudrait supprimer, jugeant qu'au lieu de subventionner un système collectif, il faudrait redistribuer les financements "directement" aux Américains.
Le shutdown a amplifié les divisions partisanes à Washington alors que la Maison Blanche prenait des mesures unilatérales sans précédent, notamment en annulant des projets et en essayant de licencier des travailleurs fédéraux pour faire pression sur les démocrates.
L'accord trouvé n'est que temporaire : le financement du gouvernement ne court que jusqu'à fin janvier 2026, laissant planer la menace d'une nouvelle crise budgétaire dans quelques semaines. Le problème central qui a provoqué ce shutdown, à savoir le coût des soins de santé, n'est pas près de disparaître.
Donald Trump devient ainsi le président ayant à son actif le plus de jours de fermeture gouvernementale de l'histoire politique américaine : 77 jours au total, un record peu enviable qui illustre la profondeur des divisions politiques aux États-Unis.
Shutdown : Paralysie budgétaire aux États-Unis qui survient lorsque le Congrès ne parvient pas à adopter un budget fédéral avant l'expiration du précédent. Durant cette période, les services gouvernementaux jugés "non essentiels" sont suspendus et de nombreux fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés ou sont mis en congé forcé.
Obamacare : Nom donné à la loi sur les soins abordables (Affordable Care Act) adoptée en 2010 sous la présidence de Barack Obama. Ce programme public d'assurance santé permet aux ménages à revenus modestes d'accéder à une couverture médicale grâce à des subventions gouvernementales.
Congrès américain : Institution législative fédérale des États-Unis composée de deux chambres : le Sénat (chambre haute avec 100 sénateurs) et la Chambre des représentants (chambre basse avec 435 représentants). Les deux chambres doivent approuver toute loi avant qu'elle ne soit soumise au président pour signature.
SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program) : Programme fédéral d'aide alimentaire qui fournit une assistance financière aux ménages américains à faibles revenus pour l'achat de nourriture. Plus de 42 millions d'Américains bénéficient de ce programme, anciennement connu sous le nom de "food stamps" (bons alimentaires).