Yann LeCun est un scientifique franco-américain, figure emblématique de l’intelligence artificielle et lauréat du prix Turing en 2018 pour ses travaux sur l’apprentissage profond. Originaire de France, il a acquis la nationalité américaine.
Chez Meta Platforms (la maison-mère de Facebook et Instagram), il occupait le poste de Chief AI Scientist : en d’autres termes, l’un des responsables de la stratégie IA et de recherche fondamentale.
Selon un rapport du Financial Times, relayé notamment par Reuters, Yann LeCun prévoit de quitter Meta dans les mois à venir pour fonder sa propre start-up.
Il serait déjà engagé dans des discussions préliminaires pour lever des fonds afin de lancer ce nouveau projet.
Par ailleurs, ce départ intervient dans un contexte plus large chez Meta :
la firme a fortement restructuré son laboratoire IA,
notamment en créant une entité baptisée « Superintelligence Labs », sous la direction de Alexandre Wang, ancien dirigeant de Scale AI. Yann LeCun, précédemment rattaché au Chief Product Officer Chris Cox, se trouverait désormais sous la direction de Wang.
Enfin, il convient de noter que ces informations font suite à une vague de licenciements ou de coupes dans les équipes de recherche IA de Meta. Bien que le rapport n’évoque pas explicitement les chiffres exacts pour l’équipe de LeCun, le contexte d’incertitude est clair.
Le départ de LeCun constitue une perte symbolique majeure pour Meta-IA, où il a joué un rôle fondamental dans la stratégie IA depuis des années.
Meta semble également opérer un changement de modèle, passant d'une approche de recherche fondamentale à long terme vers un modèle de « produit rapide » et d'agilité. Yann LeCun, connu pour prôner une IA plus holistique basée sur des « world models » plutôt que sur de simples modèles de langage géants, pourrait se trouver en désaccord avec cette nouvelle vision stratégique.
Au-delà de Meta, ce départ pourrait avoir un impact significatif sur l'ensemble du paysage de l'IA. Il pourrait devenir un signal fort pour d'autres chercheurs ou entrepreneurs, ravivant les débats autour de l'autonomie de recherche, du contrôle et de la stratégie de produit. Sur le plan financier et stratégique, alors que Meta investit massivement dans l'IA (infrastructures, talents, acquisitions), un départ de cette envergure peut être perçu par les marchés comme un risque ou un indice d'instabilité au sein de l'organisation.
Plusieurs enjeux majeurs sont à surveiller suite à ce départ.
D'abord, le projet que lancera Yann LeCun reste une question centrale : ses travaux passés laissent penser qu'il s'orientera vers des modèles d'apprentissage s'appuyant non seulement sur le texte, mais aussi sur la vidéo, l'espace et le mouvement, ce qu'il nomme les « world models ».
Ensuite, la direction que prendra Meta est incertaine : avec la montée en puissance d'Alexandre Wang et une logique davantage axée sur une « superintelligence commercialisable », il sera important d'observer comment l'entreprise gérera désormais la recherche fondamentale, l'éthique et la publication académique.
Par ailleurs, les effets collatéraux sur l'équipe IA de Meta ne sont pas à négliger : départs potentiels, réductions d'effectifs, baisse du moral et fuite des talents pourraient créer des tensions au sein des équipes.
Enfin, pour l'écosystème de l'IA dans son ensemble, cette annonce pourrait alimenter les réflexions sur l'équilibre entre recherche libre et recherche sous contrôle d'entreprise, ainsi que sur les trajectoires de carrière des chercheurs en intelligence artificielle.
Reuters
