
Le géant chinois du e‑commerce JD.com intensifie sa présence en Europe, et plus particulièrement en France, en lançant sa marketplace Joybuy et en devenant un actionnaire significatif de Fnac Darty. Cette double stratégie illustre l’ambition du groupe : concurrencer directement Amazon et s’imposer sur un marché français en pleine transformation numérique.
Fin octobre 2025, JD.com a officiellement relancé sa plateforme Joybuy en France, après une première tentative en 2015 qui n’avait pas rencontré le succès escompté. Cette nouvelle version cible un public plus large et se positionne comme une alternative crédible à Amazon.
Joybuy propose un catalogue très diversifié : électronique, électroménager, mobilier, mode, accessoires et produits de beauté. Le groupe met en avant sa logistique performante, héritée de son expérience chinoise et européenne, permettant des livraisons rapides, parfois le jour même pour certaines zones, ou le lendemain dans l’ensemble du pays.
Outre la rapidité, JD.com mise sur une expérience utilisateur fluide : interface simple, recommandations personnalisées, suivi de commande en temps réel. La marketplace entend également proposer des prix compétitifs grâce à un modèle d’approvisionnement direct, limitant les intermédiaires, ce qui pourrait attirer un public sensible au prix sans sacrifier la qualité des produits.
JD.com ne se limite pas à l’e‑commerce pur. En novembre 2025, le groupe chinois a acquis indirectement environ 22 % du capital de Fnac Darty via l’achat de parts détenues par Ceconomy. Ce rachat fait de JD.com le deuxième actionnaire du groupe français, un acteur historique de la distribution de produits électroniques, électroménagers et culturels.
Cette prise de participation ne permet pas à JD.com d’intervenir directement dans la gestion quotidienne de Fnac Darty : le gouvernement français a imposé que le groupe chinois reste un « actionnaire dormant », sans droits de gestion ni influence opérationnelle.
L’objectif est clair : combiner la puissance de la marketplace en ligne avec le réseau de distribution physique de Fnac Darty pour offrir une expérience client intégrée. Retrait en magasin, services après-vente, retours simplifiés et promotions croisées sont autant d’éléments qui pourraient renforcer l’attractivité de JD.com sur le marché français.
Plusieurs facteurs expliquent le choix de la France comme terrain de jeu stratégique :
Malgré ces opportunités, l’arrivée de JD.com soulève des questions de souveraineté économique et culturelle. Les autorités françaises surveillent de près cette opération, notamment en raison des risques liés aux données clients et à la diffusion de contenus culturels.
Si JD.com devait un jour obtenir plus d’influence, des informations stratégiques et des données personnelles pourraient théoriquement être transférées vers la Chine, ce qui inquiète certains responsables politiques et acteurs du marché. Cependant, à ce stade, les engagements pris par JD.com limitent toute ingérence directe.
Pour les Français, l’arrivée de Joybuy et l’investissement dans Fnac Darty peuvent représenter plusieurs avantages :
L’arrivée de JD.com en France via Joybuy et Fnac Darty marque un tournant majeur pour le e‑commerce français. La stratégie hybride du groupe, combinant marketplace et réseau physique, pourrait redéfinir les standards du commerce en ligne et offrir aux consommateurs des alternatives plus rapides, diversifiées et compétitives. Cependant, cette expansion reste surveillée par l’État pour garantir la souveraineté culturelle et numérique, et le succès dépendra de la capacité de JD.com à s’intégrer dans le marché français tout en respectant ces contraintes.
JD.com est un des plus grands acteurs chinois de l’e‑commerce, spécialisé dans la logistique, la vente directe et la marketplace.
Joybuy est la marketplace européenne de JD.com, proposant un catalogue complet et des livraisons rapides, concurrente directe d’Amazon.
Un actionnaire dormant possède des parts dans une entreprise mais ne participe pas à sa gestion ni aux décisions opérationnelles.
Garantir la souveraineté culturelle et numérique, protéger les données clients et éviter une influence étrangère sur un acteur clé du commerce et de la culture.