
Dix grandes banques européennes annoncent officiellement le lancement de Qivalis, une nouvelle structure dédiée à l’émission d’un stablecoin indexé à l’euro.
Ce projet stratégique, rendu public le 3 décembre 2025, devrait aboutir à un lancement prévu au second semestre 2026. Il s’agit à ce jour de l’initiative la plus ambitieuse jamais portée par des établissements européens pour proposer une alternative crédible face à la domination des stablecoins en dollar sur les marchés crypto et tokenisés.
Qivalis rassemble des acteurs bancaires de premier plan, parmi lesquels ING, UniCredit, BNP Paribas, CaixaBank, SEB ou encore Raiffeisen Bank International. La structure est installée à Amsterdam, où elle doit solliciter une licence d’établissement de monnaie électronique auprès de la Banque centrale néerlandaise. L’obtention de cette autorisation, indispensable pour opérer dans le cadre réglementaire MiCA, devrait nécessiter entre six et neuf mois, et conditionnera le lancement officiel du stablecoin au second semestre 2026.
La gouvernance de Qivalis illustre la volonté de bâtir un stablecoin répondant aux standards européens les plus exigeants.
Le poste de directeur général est confié à Jan-Oliver Sell, ancien responsable de Coinbase Allemagne, apportant une solide connaissance des marchés crypto.
Le conseil de surveillance sera présidé par Sir Howard Davies, ancien président de NatWest, tandis que la direction financière revient à un dirigeant d’ING.
Cette composition témoigne de la volonté d’établir un pont cohérent entre finance traditionnelle, industrie du Web3 et exigences réglementaires européennes. Elle consolide également la crédibilité d’un projet qui ambitionne de s’imposer comme un futur standard dans les paiements numériques en euro.
L’ambition de Qivalis dépasse le simple cadre des transactions crypto. Le stablecoin se positionne comme un outil destiné à fluidifier les échanges dans l’économie numérique européenne, en particulier dans trois domaines clés.
Le premier concerne les paiements transfrontaliers, encore souvent entravés par des délais et des coûts élevés. Grâce à un règlement quasi instantané et disponible en continu, Qivalis pourrait simplifier ces opérations pour les entreprises et les institutions financières.
Le deuxième volet touche à la gestion de trésorerie des entreprises, qui pourraient utiliser le stablecoin pour optimiser leurs flux financiers dans un environnement tokenisé et connecté aux nouvelles infrastructures de paiement.
Le troisième champ d’application vise les marchés d’actifs tokenisés, un secteur en forte croissance où les transactions nécessitent un moyen de règlement stable, transparent et conforme. Le modèle proposé par Qivalis, reposant sur des réserves intégralement constituées de cash et d’actifs très liquides, garantit qu’un euro en circulation correspond systématiquement à un euro en réserve.
Ce projet doit être replacé dans un paysage global où les stablecoins en dollar, comme l’USDT ou l’USDC, dominent largement les flux numériques. Aujourd’hui, plus de 95 % des transactions crypto reposent sur des jetons indexés sur le dollar. Cette situation crée une dépendance structurelle qui fragilise la souveraineté monétaire européenne dans l’économie numérique.
Avec Qivalis, les banques entendent proposer une alternative crédible, régulée et spécifiquement adaptée au marché européen. Elles misent sur la solidité du cadre réglementaire MiCA et sur leur réputation en matière de gestion des risques pour convaincre entreprises, plateformes d’échange et institutions financières.
L’initiative Qivalis s’inscrit dans un calendrier où la Banque centrale européenne prépare son propre euro numérique, attendu autour de 2029. Les deux projets ne sont pas conçus comme concurrents directs. Le stablecoin de Qivalis répond à des usages plus proches du marché privé, notamment en ce qui concerne la finance tokenisée et les paiements internationaux. L’euro numérique, lui, visera davantage un usage de détail encadré par les autorités monétaires.
Néanmoins, la coexistence de plusieurs formes de monnaie digitale pourrait générer une certaine confusion auprès du grand public. Le succès de Qivalis dépendra donc aussi de sa capacité à clarifier sa valeur ajoutée, son mode de fonctionnement et son rôle complémentaire au sein de l’écosystème monétaire européen.
Pour les banques, Qivalis représente un moyen de préserver leur influence dans un environnement financier de plus en plus dominé par des acteurs non européens. Le projet pourrait permettre de conserver au sein de l’Europe une part importante des transactions en euro actuellement captée par des stablecoins adossés au dollar.
Pour les régulateurs, l’initiative soulève des opportunités, notamment en matière de souveraineté économique et de réduction de la dépendance monétaire. Elle impose néanmoins une vigilance renforcée, notamment sur la stabilité financière et l’impact d’un stablecoin bancaire en période de tensions économiques.
Pour l’écosystème Web3, Qivalis pourrait offrir une nouvelle infrastructure de paiement en euro, régulée et fiable, capable de rééquilibrer un marché aujourd’hui largement centré sur le dollar numérique.
Le lancement de Qivalis marque une nouvelle étape dans la transformation numérique de la finance européenne. En combinant la rigueur bancaire, la conformité réglementaire et la flexibilité des infrastructures Web3, ce projet pourrait devenir un acteur clé dans les paiements et les marchés tokenisés. Son succès dépendra de sa capacité à gagner la confiance des entreprises, des investisseurs et des citoyens, tout en s’imposant comme une alternative solide face aux stablecoins dominés par le dollar.
L’euro numérique est émis par la Banque centrale européenne et fait partie de l’Eurosystème, tandis que Qivalis est un stablecoin privé émis par des banques. Il ne remplace pas l’euro numérique mais complète l’écosystème des paiements numériques et tokenisés.
La tokenisation consiste à représenter des actifs réels ou financiers sous forme de jetons numériques sur une blockchain. Cela permet de faciliter les transactions, de réduire les coûts et d’accélérer les règlements, tout en offrant une traçabilité complète.
Les entreprises, institutions financières et plateformes de marché peuvent utiliser Qivalis pour des paiements instantanés, le règlement d’actifs tokenisés ou la gestion de trésorerie numérique. Il vise à devenir un rail de paiement stable et régulé au sein de l’écosystème européen Web3.
Grâce à sa conception, Qivalis permet des transactions internationales instantanées et à faible coût, 24h/24 et 7j/7, sans les frais élevés et délais des infrastructures bancaires traditionnelles.